Tel Aviv, une ville riche en musées
Comme il convient à une ville moderne dotée d’un passé ancien, bon nombre des expositions des multiples musées de Tel Aviv sont consacrées aux différents aspects de la vie juive, à la culture locale et à l’histoire d’Israël. La visite de Beit Hatfutsot, le musée du peuple Juif, constitue une expérience unique. Situé à l’intérieur du campus de l’Université de Tel Aviv, cet établissement moderne a été récemment doté d’une aile supplémentaire qui va lui permettre de redéfinir son orientation juive dans les années à venir. Les travaux de rénovation de l’aile d’origine devraient s’achever en 2019. Le musée retrace les deux mille cinq cents ans d’histoire du peuple Juif en Diaspora à travers plus de cent pays. Près de là, le musée Eretz Israël s’élève sur l’emplacement du site archéologique Tel Qasile, qui date du XIIe siècle avant l’ère chrétienne. Différentes expositions du musée sont consacrées aux activités liées à l’artisanat et au commerce à travers les âges, et quelques pavillons sont dédiés à l’historique de la Terre d’Israël à travers des pratiques sociales et culturelles, comme le travail du cuivre, la numismatique et l’histoire de la poste. Le planétarium du musée est doté d’une installation interactive à la pointe de la technologie et d’une scène tournante. La visite vaut d’autant plus le détour que le billet d’entrée pour le planétarium inclut la visite gratuite du musée dans son entier.
Le quartier des musées
Un certain nombre d’autres musées se sont ouverts ces dernières années dans les alentours de l’Université de Tel Aviv et du Beit Hatfutsot, à tel point que cette partie fort agréable de la ville s’est transformée en nouveau « Museum Mile » ou quartier des musées.
Le musée du Palmah, acronyme de l’hébreu Plugot Mahats, « unités de choc », explore l’héritage de ces forces paramilitaires qui étaient destinées à l’origine à soutenir l’effort de guerre britannique, depuis leur création en 1941 jusqu’à leur démantèlement et l’intégration de leurs membres à l’Armée de défense d’Israël en 1948. À travers les récits de vie des individus et des groupes membres du Palmah, le musée offre le compte-rendu fascinant d’une expérience partagée. L’exposition ne donne pas à voir des documents historiques mais accompagne les récits personnels de décors reconstitués et de films où sont incorporés des images de l’époque. Le circuit commence et s’achève dans la salle commémorative dédiée aux combattants du Palmah tombés durant la lutte pour la création de l’État d’Israël. La visite est ouverte sur réservation uniquement, pour les groupes organisés comme pour les particuliers ; ces derniers sont priés de s’inscrire à l’avance afin de pouvoir être intégrés au circuit guidé adéquat.
La seconde exposition permanente du musée est consacrée aux rescapés de la Shoa et aux réfugiés qui, après la fin de la Seconde Guerre mondiale, ont pris part à la Guerre d’Indépendance d’Israël. Certains d’entre eux sont restés anonymes jusqu’à ce jour. Engagés dès leur arrivée en Palestine sous mandat britannique, ils venaient des camps de personnes déplacées d’Europe et d’Afrique du nord et des camps de détention de Chypre où les Anglais incarcéraient ceux qui tentaient de pénétrer illégalement en Palestine. Cette aile du musée porte le nom de « Survivants de l’Holocauste et Guerre d’Indépendance ».
Entre le musée Eretz Israël et le musée du Palmah se trouve le musée d’Israël du centre Itshak Rabin, consacré à l’ancien Premier ministre et prix Nobel de la paix assassiné en 1995. La vie de Rabin sert de fil conducteur à l’histoire d’Israël. Les visiteurs peuvent suivre à leur propre rythme les jalons de son histoire personnelle et la chronique du pays à l’aide d’un guide audio individuel, ou bien se joindre à une visite guidée. Les visiteurs intéressés par la destinée de Rabin et par son héritage peuvent aussi se rendre sur les lieux de son assassinat, près des escaliers qui mènent à la Mairie de Tel Aviv, où un mémorial a été inauguré à la première date anniversaire de sa mort. Le monument est composé de seize pierres de basalte plantées dans le sol, qui symbolisent le profond enracinement d’Itshak Rabin dans la terre d’Israël. Les pierres sont disposées à des hauteurs variables et sont éclairées par en dessous par des spots de lumière rouge qui rappelle la flamme éternelle. Les graffitis tracés sur les murs adjacents durant les jours qui ont suivi le meurtre ont été conservés et préservés. Souvent des passants s’arrêtent près du monument pour marquer leur respect et des milliers de personnes se réunissent sur la place Rabin, rebaptisée ainsi après sa mort, pour assister à la cérémonie commémorative qui se tient tous les ans en novembre au jour anniversaire de l’assassinat.
Le musée d’art de Tel Aviv
Le musée d’art de Tel Aviv présente ses expositions dans ses bâtiments principaux, rue Shlomo Hameleh, près du centre-ville, et aussi dans le Pavillon d’art contemporain Helena Rubinstein, mitoyen à l’auditorium Bronfman et au théâtre Habima. Le Pavillon sert habituellement pour les expositions temporaires de jeunes talents, en marge de l’exposition permanente de la collection d’intérieurs miniatures. Le billet d’entrée du musée comprend la visite du Pavillon Helena Rubinstein.
Le musée d’art de Tel Aviv a inauguré il y a quelques années une nouvelle aile moderne de cinq niveaux qui s’étend sur une surface de dix-neuf mille mètres carrés – une réussite architecturale qui suffirait à justifier la visite. Décrite par le New York Times comme « … un Rubik’s Cube allongé passé à l’eau de Javel », la façade de l’aile est composée de quatre cent soixante cinq panneaux de béton enchevêtrés, de formes et de tailles différentes.
La principale collection du musée, exposée essentiellement dans l’ancienne aile, réunit des travaux exécutés par tous les artistes israéliens renommés du XXe siècle. De plus, le musée dispose d’une collection des plus grands noms de la peinture européenne, depuis les maîtres hollandais du XVIe siècle jusqu’aux Impressionnistes et aux grands noms de l’art moderne, ainsi que des peintures et des sculptures d’artistes américains et européens du XXe siècle. Quant à la collection de documents iconographiques, elle contient plus de vingt mille esquisses et lithographies. Enfin, parmi les chefs-d’œuvre du musée se trouvent une sélection unique des premiers reliefs peints par Alexandre Archipenko et des travaux de Chagall, donation de l’artiste au musée avant son ouverture. Le musée abrite aussi des salles de cinéma et de spectacle pour les arts de la scène.
Autres petits musées de Tel Aviv
Beaucoup de petits musées parsèment la ville de Tel Aviv, certains installés dans des appartements ou sur des lieux de travail spécialement adaptés dans ce but. Le musée Ilana Goor à Jaffa, par exemple, est situé dans le domicile de l’artiste éponyme ; il contient ses sculptures ainsi que des pièces de sa propre collection d’art. Le toit en terrasse du musée est disponible à la location pour des réceptions privées. Le musée propose des visites guidées dans plusieurs langues, pour ses collections et aussi pour la vieille ville de Jaffa. Le musée Joseph Bau, dans le centre de Tel Aviv, a été ouvert dans le studio de l’artiste par ses filles afin de perpétuer son héritage. Ce peintre israélien était aussi dessinateur, créateur de dessins animés, auteur, poète, éditeur – et agent des services secrets israéliens. Le musée Nahum Gutman à Neve Tsedek est dédié aux travaux de ce peintre, un pionnier et l’un des tout premiers artistes de Tel Aviv. Le musée, abrité dans une maison construite en 1887, présente des expositions tournantes des multiples œuvres de Gutman.
On trouve aussi des musées publics plus ciblés, comme la maison de David Ben Gourion à Tel Aviv, l’un des fondateurs de l’État d’Israël et le premier chef du gouvernement. Le musée Independence Hall, à l’origine domicile du légendaire maire de Tel Aviv Meïr Dizengoff, contient la salle où Ben Gourion a lu en public, pour la première fois, la Déclaration d’Indépendance d’Israël en 1948. La salle a scrupuleusement été conservée dans son état d’origine. Suite à de récentes rénovations, un nouveau plan a été conçu en mai 2016 afin de supprimer les ajouts tardifs et rendre au bâtiment sa structure originale, telle qu’elle était au jour de la cérémonie de la Déclaration d’Indépendance. Les étages supérieurs seront aussi intégrés au musée et ils abriteront le parchemin de la Déclaration.
Le musée de l’histoire des Forces de Défense d’Israël se dresse face au site Hatahana, l’ancienne gare de Jaffa, et le musée municipal Bialik, dans la rue du même nom, occupe l’ancien bâtiment de la mairie. Le musée de la Hagana, précurseur de l’armée israélienne, est situé sur l’avenue Rotschild ; celui de Beit Yaïr est face à la mer, à la frontière de Tel Aviv et Jaffa, et il est dédié à l’histoire de l’organisation Lehi, un des mouvements clandestins en activité avant 1948.
Autour de la place Bialik, à l’intersection des rues Bialik et Idelson, se trouvent réunis quelques musées supplémentaires, dans un quartier qui offre aussi l’occasion de contempler plusieurs immeubles qui illustrent bien le développement des différents styles architecturaux de Tel Aviv. Rénové il y a quelques années, l’ancienne mairie de Tel Aviv sert à présent de maison municipale et de centre culturel. Le bureau de l’ancien maire de Tel Aviv Meïr Dizengoff a été conservé en état, avec tous ses meubles d’origine et de nombreux objets des années vingt du XXe siècle, époque de l’inauguration du bâtiment. On y voit aussi des photos et des souvenirs de cette période. La partie publique est dédiée à des expositions internationales à thème qui sont renouvelées chaque année. Juste à côté, la maison rénovée du poète national Haïm Nahman Bialik, dont le nom a été attribué à la rue et à la place adjacente, expose des souvenirs de l’artiste dans le cadre originel de sa maison ; une des salles accueille des concerts de musique de chambre tout au long de la semaine. Le musée-maison de Reuven Rubin, un des peintres les plus estimés de la ville et du pays, est à quelques pas de là, alors que dans le même bloc, un des plus récents espaces d’exposition est un musée privé consacré à l’architecture et au design Bauhaus – bien que l’immeuble lui-même ne soit pas de facture Bauhaus.
Les musées continuent de se développer à travers la ville. Le musée d’histoire naturelle Steinhardt vient tout juste d’ouvrir dans l’enceinte de l’Université de Tel Aviv, dans un immeuble de huit mille mètres carrés conçu pour préserver et exposer une collection de plus de cinq millions de spécimens. Il constitue la pièce maîtresse du plus grand et plus étendu centre de recherche sur la biodiversité, l’éducation et la préservation des espèces en Israël. Un autre musée, le centre Ville Blanche, un centre municipal officiel en charge du Site du Patrimoine Mondial de l’UNESCO, devrait ouvrir ses portes en avril 2019, à la date anniversaire des cent ans du Bauhaus. Ce musée comprendra un centre des visiteurs pour les touristes, un appartement modèle et un laboratoire de recherche pour les professionnels du design.
En dehors de Tel Aviv
Aimez-vous l’art moderne ? Si oui, éloignez-vous un peu de la bulle de Tel Aviv et partez à la découverte des musées de la région. MOBY est un complexe de trois musées d’art à Bat Yam, qui comprend entre autres le musée d’art contemporain David Ben Ari. Il y a aussi un musée d’art contemporain à Herzliya et un musée d’art israélien à Ramat Gan.
Le musée du design de Holon, une proche banlieue de Tel Aviv, a été dessiné par le célèbre architecte Ron Arad. Ce bâtiment unique est devenu une icône culturelle avant même son inauguration. Ses concepteurs ont été gratifiés du prix annuel de l’innovation et du design dans le domaine de la culture par le magazine Conde Nast Traveler. Le bâtiment a aussi gagné une réputation internationale comme l’une des réalisations architecturales les plus originales du XXIe siècle.
tour for groups in the museum